Pierre Chabasse - BCRA - BOA Charente, puis SSS / Brigade Rac

Rédigé par Alan dans la rubrique PortraitSection Spéciale de SabotageBrigade Rac

Pierre Chabasse « Pierrot » né en 1924 était le jeune frère de René Chabasse. Il participe aux parachutages organisés par son aîné. Il entre dans la Résistance comme agent P2 dans le BOA (Bureau Opérations Aériennes) en septembre 1943. 


La mère de René et Pierre était institutrice à l'école communale de Bouëx. Parmi ses élèves, il y avait Andrée Duruisseau qui habitait à 2 kms de Bouëx à la ferme des Forêts avec sa famille, toute impliquée dans la Résistance.

La salle de classe de l'école se trouvait au rez-de-chaussée, à l'étage était le logement de la famille Chabasse. Dès le début de l'occupation, ce fut le pointe de rencontre des plus importants pour René et son ami Jean Lapeyre-Mensignac, et par le suite, progressivement, pour bien d'autres de leur compagnons de Résistance.

Le 21 février 1944, Pierre est terriblement choqué par la mort tragique de son frère. Moment de peine et chagrin intenses. Il  devient un des membres très actifs de la Section Spéciale de Sabotage de Jacques Nancy en zone ennemie et se trouve engagé dans les combats pour la Libération de la Charente les 10, 13 et 14 août 1944 puis ceux de la Libération d'Angoulême le 31 août 1944. En septembre 1944 la SSS est devenue la 2ème Compagnie de la brigade Rac.


Pierre et René Chabasse
Lors de l'investissement de la poche de Royan, il est fait prisonnier le 8 février 1945 puis s'évade avec des camarades le 10 mars et rejoint son unité, la 2ème Compagnie à Saujon. 

Nommé sergent, il est tué à la tête de ses hommes devant le point d'appui de Brie (Charente-Maritime), le 14 avril 1945. Ses restes reposent à côté de ceux de son frère dans la crypte du Mémorial de la Résistance à Chasseneuil (Charente).

Attaque du réduit de Royan

La 2ème compagnie s'empare de Brie

D'après le récit du Capitaine Jacques Nancy et le journal du sous-lieutenant René Rispard 

Samedi 14 avril 1945


11 h 30 : le commandant Plassard avise le capitaine Jacques que la 3ème Compagnie va attaquer par le sud et le sud‑ouest. « Nous continuons à progresser lentement et nous voyons les premiers éléments de la 3ème Compagnie qui cherchent à s’infiltrer dans le village. »  Après un premier échec, et un regroupement effectué à la lisière des bois malgré les pièges et les mines, ils arrivent à quelques mètres des premières maisons. Pendant ce temps, et devant la résistance des Allemands, le commandant Plassard a de nouveau demandé l’appui du peloton de chars. L’ennemi, à l’abri dans d’excellentes casemates, exécute sur nos troupes des tirs individuels extrêmement meurtriers que ni nos armes automatiques ni nos mortiers n’arrivent à neutraliser.

Vers midi cependant les premiers éléments de la 2ème et de la 3ème compagnie serrent de plus près les maisons de Brie et en commencent le nettoyage. Vers 13 h 50 le peloton de chars demandé arrive enfin, mais l’occupation est pratiquement terminée. Les boches ne réagissent plus; certains ont pu s’échapper, les autres sont faits prisonniers. A 13 heures Brie est pris. Toutes les maisons sont fouillées et les deux compagnies s’installent défensivement face à l’Ouest.

Cette opération prélude à la prise de Royan en mettant entre nos mains une position clef. Sa possession était cependant chèrement payée : la 2ème Compagnie comptait à elle seule sept morts, dont Pierre Chabasse et Maurice Gamin, qui s’étaient comportés d’une manière particulièrement héroïque. A côté d’eux il y eut aussi de nombreux actes de bravoure parmi lesquels celui de Serge Dzoudzevitch, jeune volontaire de dix‑huit ans, qui se fit tuer en voulant ramener un camarade blessé. Phelippeau (18 ans), plus heureux, ne fut que blessé en voulant lui aussi secourir Chabasse et Gamin. Parmi les blessés, tous très jeunes, plusieurs sont restés de longues heures sur le terrain sans proférer une plainte, incertains d’être secourus. 

Dans son rapport, le commandant Plassard tirera de façon magistrale les conclusions de cet engagement qui fit ressortir la valeur des F.F.I. et le peu de moyens dont ils disposaient. « La réduction du point d’appui de Brie, résolue pratiquement par des moyens d’infanterie, a coûté des pertes assez sévères. L’emploi des chars en parfaite liaison avec l’infanterie aurait rendu cette opération moins coûteuse. »

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