René Chabasse : 1946 - Inauguration de la plaque commémorative à Angoulême

Rédigé par Alan dans la rubrique Document et livreSection Spéciale de Sabotage
Voici un extrait du bulletin de l'Amicale S.S.S. de Jacques Nancy, Numéro 1 - imprimé en février 1946.


Les S.S.S
honorent un de leur grand ancien

Anniversaire de la mort de René CHABASSE


Inauguration d'une plaque commémorative

au lieu où il tomba il y a deux ans, le 21 février 1944

Devant une assistance nombreuse et en présence des parents et amis de notre regretté camarade des représentants du Préfet de la Charente et des différents groupements de la Résistance,  notre camarade Gérard Ferrand au nom de la Section Spéciale de Sabotage a prononcé un discours dont voici quelques extraits :
G. Ferrand commence d'abord par excuser le capitaine Jacques Nancy retenu par une opération chirurgicale et qui l'a chargé de le représenter.  Il montre ensuite ce qu'a été René Chabasse dans la lutte clandestine.
Nous l'appelions "Jean-Louis" et nous aimions sa gaieté, son entrain. Aucun coup dur ne pouvait l'abattre et toujours il savait remonter le moral aux défaillants,  ranimer les énergies de ceux qui ne voyant pas la fin de ce gigantesque conflit, sentaient le découragement les gagner. Jean-Louis avait une faculté de travail prodigieuse. La nuit, il recevait les parachutages, besogne ingrate et délicate entre toutes, fatiguante aussi, même pour un athlète. Le jour, il faisait les liasons parcourant les Maquis, portant les ordres, distribuant les armes. Il fait ensuite l'historique de cette tragique journée du 21 février 1944, il relate les péripéties de cette chasse à l'homme, Jean-Louis n'est que blessé. Mais il ne peut plus fuir. Alors sans doute  revoit-il, dans sa pensée,  tous ses camarades pour lesquels il va mourir. Il sait que tous comptent sur lui. Il sait aussi que nul ne peut-être sur de ne pas parler sous la torture. Il n'a rien pour s'achever. Alors il use d'un stratagème.  Il se défend encore jusqu'au bout, jusqu'à ce que l'Allemand enfin laissé lui lâche une balle de revolver dans la tête.
Gérard Ferrand associe ensuite à l'hommage qu'il rend à René Chabasse son jeune frère Pierre, mort en accomplissant son devoir sans faiblesse lors de l'attaque de Royan, quelques jours avant la victoire qu'il n'aura pu connaître. Son impétuosité de jeune soldat français lui faisait rechercher les postes les plus dangereux. Pierrot est mort en brave, en vrais français.
Au nom du capitaine Jacques Nancy, au nom du colonel Chabanne qui lui aussi a connu et apprécié René Chabasse dans la lutte clandestine et qui retenu à l'Assemblée Constituante, n'a pu se déplacer et assister à cette cérémonie,  au nom de toute la Section Spéciale de Sabotage et en mon nom je fais le voeu que la population d'Angoulême et de la Charente n'oublie jamais ceux qui sont morts après avoir travaillé pour elle. Puisse la France entière se souvenir des martyrs de la Résistance.  Pour vous qui êtes morts dans la plus atroce des guerres, victimes d'une haine qu'on ne saurait qualifier, nos larmes, nos regrets et notre gratitude.
Elevons nos pensées et nos coeurs vers vous que nous avons aimés et qui avez souffert pour que vive la France.
Au nom de la Municipalité,  Mlle Mir prend ensuite la parole, elle exalte le sacrifice des héros de la Résistance et la grandeur de notre regretté camarade, elle termine en souhaitant elle aussi que le sacrifice de René Chabasse ne soit pas oublier par la population Angoumoise.


Depuis le 11 novembre 1976, son corps et celui de son frère Pierre, tué à Brie le 14 avril 1945 reposent dans la crypte du Mémorial de la Résistance à Chasseneuil-sur-Bonnieure.

Un hommage est rendu chaque année le 21 février à 17 heures devant la plaque qui porte son nom à l'angle de la rue de Périgueux et du boulevard René Chabasse à Angoulême

 Photo prise en 2014 de la plaque commémorative
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