Manuel Acébès dit Manu chef de la 2ème Cie brigade Rac

Rédigé par Alan dans la rubrique Brigade RacPortrait

Basque espagnol, né à Onesto, province de Bilbao, en 1908 ; sa famille est venue s'installer à Bordeaux en 1911. Il n'a jamais parlé, en réalité, que le français. À vingt et un ans, il opte forcément pour la France et fait son service militaire au 57e R.I., régiment avec lequel, rappelé, il part à la guerre de 1939. 

Fait prisonnier, il s'évade mais ne veut pas revenir en zone occupée à Bordeaux, son ancien domicile. Il s'installe à Javerlhac, pays de sa femme, en zone libre. Excellent ébéniste, il se fait une clientèle. Quand le moment vient pour lui de manifester son amour de la France, il est le premier résistant de son village et constitue un groupe très actif le groupe « radio », qui le 6 juin, prend les bois de Picpeyrou, près de Javerlhac, et couche dans les ruines d'une ancienne usine abandonnée.
Manuel Acébès
Manu est un chef, et l'on admire dans le pays la discipline de ses hommes ; il a établi un barrage permanent à la limite des départements Charente-Dordogne et téléphone souvent à Nontron pour signaler le mouvement des troupes ennemies. Le grade de lieutenant lui est conféré en même temps que le commandement de la 2e Compagnie qui rassemble non seulement son groupe initial mais les autres maquis du voisinage. Lorsque, le 24 juillet 1944, la colonne de répression composée d'Allemands et de miliciens qui veut aller brûler Nontron se présente au jour naissant au carrefour de la victoire, la sentinelle le jeune Dugas, ouvre le feu tuant le chef de la Milice et plusieurs de ses hommes.
Manu arrive aussitôt et engage le combat, un combat inégal puisque les assaillants sont quatre cents avec des voitures blindées et de l'artillerie, et qu'il n'a avec lui qu''une vingtaine d'hommes.

Pour assurer leur repli, Manu se sacrifie. Il reste seul à l'arrière avec un sac de grenades et tombe finalement grièvement blessé. Une scène atroce va alors se produire. Une meute de miliciens l'entourent, ils prétendent l'interroger, l'insultent et le torturent. La scène dure plus d'une heure. Aucun chef, aucune âme généreuse n'intervient pour abréger le supplice, les Allemands eux-mêmes dégoûtés se sont détournés. La lâcheté des bourreaux, qui sont des Français, dépasse en abjection tout ce que l'on peut imaginer. Ils crachent sur le beau visage du martyre jusqu'à ce que celui-ci se crispe en un dernier spasme.
Les renforts ont le temps d'arriver. L'affaire de Javerlhac se solde, en définitive, par un grand succès (cinquante morts du côté des miliciens et des Allemands, cinq seulement du côté maquis). Manu, Espagnol par le sang, Français par le cœur, est mort ce matin-là en héros d'épopée.
Extrait de l'ouvrage La brigade Rac par capitaine Fred.
Plaque sur le monument aux morts de Javerlhac
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