Le groupe maquisard Fischer, Walter, Petit de Barbezieux et sa région

Rédigé par Alain dans la rubrique Maquis Parachutage Réseau

Extrait de l'ouvrage Ami, entends-tu ? L'occupation et la Résistance en Charente par Guy Hontarrède. Imprimé en 1987 par l’Université Populaire de Ruelle.

Le groupe Fischer, Walter, Petit fut d'abord une amicale des réfugiés de l'est qui n'avaient pas voulu ou pas pu regagner leurs pays d'origine.

Leurs premiers actes de résistance furent d'aider quelques-uns de leurs compatriotes qui, refusant de répondre à la mobilisation des Alsaciens et des Lorrains dans la Wehrmacht, passèrent en zone libre avant d'essayer de regagner la France Libre.

Fischer et ses amis sont contactés en 1943 par Charles Corbin, inspecteur de la police judiciaire de Bordeaux, Jules Muller, surveillant général d'un collège lorrain replié à Angoulême, Charles Rechenman jeune lorrain lettré, tous agents du «Spécial Opération Exécutive», plus précisément sa branche française le réseau Buckmaster.

Si on se rappelle que le réseau Jade-Amicole est également un réseau très près des Anglais, on s'aperçoit que l'Intelligence Service était fortement implantée en Charente. Ces hommes étaient souvent intelligents, courageux et actifs mais, pour quelques-uns, trop peu regardants sur les principes moraux.
 
Le français Rechenman remonte des Hautes-Pyrénées pour s'intéresser de très près à la Charente en mars 1944. Les parachutages se multiplient dans la région. Le groupe bien organisé, disperse et cache soigneusement les armes aux alentours de Barbezieux et jusqu'à Brossac chez des paysans et de petits commerçants (Archives du S.O.E. I.H.T.P.).
 
En mars a été arrêté, par hasard, à Barbezieux Q. Porteur de papiers falsifiés. Il passe aux aveux et au service de la S.I.P.O allemande qui le libère dès la première quinzaine d'avril. Quelques semaines plus tard, la même S.I.P.O arrête B, dit René le Blond porteur d'une forte somme d'argent et d'un paquet de cigarettes bleu parachuté. 
René passe rapidement aux aveux, sous promesse d'avoir la vie sauve. Pour preuve de sa bonne volonté, il conduit un camion de la Wehrmacht récupérer un dépôt d'armes cachées chez son oncle près de Brossac. On lui propose alors de fonder un faux-maquis avec Q. dont nous avons parlé plus haut.René le Blond et Q. acceptent.

Le 7 mai, René le Blond retrouve l'agent du S.O.E le canadien Sirois et l'emmène chez lui à Saint-Vallier près de Brossac. Le 10 mai, l'adjoint de Rechenman, le lt. James Mayer est arrêté par la S.I.P.O à Pont-à-Brac. Il sera déporté.

Le 18 mai, la Feldgendarmerie arrête René le Blond et Rechenman à l'hôtel du cheval de Bronze à Angoulême. Rechenman étant connu du service de contre-espionnage allemand de Paris, il est transféré immédiatement dans la capitale. René le Blond, lui, est libéré et félicité par ses maîtres allemands.

Stèle Chez Menot
Le 22 mai, Bernard Fischer instituteur à Barbezieux est arrêté avec quatre des ses camarades. La police allemande bien informée, procède le soir même à la récupération de plusieurs tonnes d'armes et d'explosifs. Une partie échappera et servira à armer un groupe maquisard dit des Alsaciens-Lorrains ou groupe Walter-Petit.

Mais le S.O.E se rend compte du danger. Les agents anglais font le rapprochement entre les libérations de Q. et de René le Blond et les arrestations dans les rangs de la Résistance. Ils les exécutent en accord avec le groupe Walter-Petit. On retrouvera les corps de René le Blond et de sa femme le 2 juillet à Saint-Vallier. (Archives S.O.E. - Témoignage Gendarmerie de Brossac).
 
Sirois, l'agent canadien du S.O.E. quitte Angoulême devenu trop dangereux pour lui et s'installe à Cognac où avec l'aide des résistants locaux, Tapon, Mesnard, Dubroca. il va contribuer à fonder et à armer de petits maquis vers Saint-Laurent. C'est là que viendra le rejoindre le remplaçant de Rechenman, le capitaine Corbin, fin juillet ou début août 1944.

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