Charles Sarlandie de la Brigade Rac

Rédigé par Alain dans la rubrique Brigade RacPortrait

Né en 1915 à Saint‑Mesmin, Charles Sarlandie fut un écolier studieux avant d’être un étudiant précoce. A vingt ans, il sort de l’école normale de Périgueux avec son certificat de P. M. S. qui lui permet d’entrer directement à l’Ecole d’Artillerie de Poitiers.

Sous‑lieutenant de réserve, il est affecté au 105e R.A. à Bourges. Avant la fin de son service, il a le temps de suivre le stage d’observateur à la base aérienne d’Avord dont il sort breveté. Et le voici instituteur à Sarrazac, en 1938, au moment où les nuages annonciateurs du cataclysme s’épaississent sur le monde.

Charles Sarlandie
II est rappelé en mars 1939 au groupe d’observation de Limoges ; c’est là qu’il fait connaissance de René Ségui de Sarlande, pilote aviateur, sergent‑chef de réserve, qui vient faire régulièrement des stages et que tout le monde appelle « Le petit chef ».

La drôle de guerre égraine ses longs mois d’inaction, et à la débâcle, le groupe de Sarlandie se replie de Nancy sur Troyes, puis Nevers, Limoges, Bergerac, et enfin Bordeaux. Là, il est embarqué sur un cargo, « Le Fort de Vaux, qui, deux jours après le « Massilia », cingle vers le Maroc. Au cours de la traversée, au large des côtes du Portugal, la radio diffuse l’appel de De Gaulle. Après le discours pleurard de Pétain, entendu quelques heures avant, la quasi unanimité de la troupe et des cadres est pour De Gaulle : Il faut le suivre ! et tout de suite ! Oui mais, car il y a un oui mais !

Le commandant du bord est pour Pétain et refuse de changer de cap pour Londres : On doit aller à Casablanca, on ira à Casablanca. Le débarquement a lieu, et la base aérienne repliée touche des avions neufs « Glenn Martin » qui sont remis en état de vol. Sarlandie est persuadé que la guerre va continuer contre l’Allemagne, l’atmosphère y est, tout le monde est d’accord. Or, voici que tonnent les canons anglais de Mers‑el‑Kebir, qui tuent 1 280 de nos marins.

L’opinion est retournée comme un gant contre les Anglais. Va‑t‑on les  attaquer ? Oui, puisque Sarlandie reçoit l’ordre d’aller prendre des photographies aériennes de Gibraltar, et que, quelques heures après, des bombardiers viennent arroser la forteresse anglaise. Oui, puisque l’ordre vient également d’aller livrer les avions disponibles à Bizerte où la Commission d’armistice en fait cadeau aux Italiens. Cependant, nos équipes d’aviateurs ne sont pas tout à fait d’accord ; aussi cassent‑ils presque tous du bois à l’atterrissage.

A Rabat, il y a bien un embryon d’organisation gaulliste, en cette fin d’été 1940, mais tout est flou. Aussi Sarlandie rejoint‑il sa famille à Sarrazac. En octobre, il rencontre à Lanouaille « Le petit chef »

As‑tu entendu Pompéi à la radio ?

Pompéi, sous‑préfet de Bellac, sergent pilote de réserve, venait effectuer avant la guerre des vols d’entraînement à Limoges ; pendant la guerre, il a eu les honneurs du communiqué, ayant réussi, avec son Potez 39, à descendre un Henschell ennemi, beaucoup plus rapide que lui, et à regagner ensuite, en rase-mottes, le camp français au‑dessus des lignes ennemies. Ségui ajoute : Nous devrions être avec lui.

Sarlandie, qui a retrouvé la France dans une grisaille de mauvais aloi, sent bien que Ségui a raison. Mais il y a peut-être autre chose à faire que de partir à l’aventure ; il faut être patient, et, en attendant de reprendre sa place au combat, il se donne tout entier à sa tâche d’enseignant.

A quelque temps de là, Ségui revient un jour à Sarrazac ; il lui apporte les appels du général Cochet. Ensemble, ils essaient de toucher leurs anciens camarades de l’armée de l’air, en particulier ceux de Limoges : ils retrouvent à Périgueux deux jeunes officiers du G.A.O. (Groupe aérien d’observation) 512 recyclés dans des services officiels, notamment à l’Aéro‑club de Bassillac et dans le groupement interprofessionnel laitier. Contacts établis, beaucoup marchent, et Ségui, qui mène de front le recrutement et la recherche du renseignement, peut alimenter le réseau Jove dont il fait partie et auquel il communique les plans de défense des aérodromes de la région (Voir dans « Bataillon Violette » ce que fut le réseau Jove, p. 12).

Aquarelle d'Alice Boisseau (Mme Authiat)

Ségui, qui dirige son garage de Sarlande, trouve une couverture pour aller fréquemment à Périgueux : il est instructeur en modèles réduits d’avions. Il parvient également à introduire Sarlandie dans le service, et les deux compères font la tournée des chefs de la Résistance, dont Charles Serre. C’est par ce dernier que Sarlandie obtient la livraison régulière du journal « Combat » dont Raymond Lasjaunias, « Tourtiéroux », Paul Chapeyroux et Valentin Roux sont les distributeurs attitrés. Quand il y a une descente de la milice ou de troupes allemandes, les quatre compères, qui sont en général avertis par le cafetier Lalizou, vont se cacher sur le haut de la batteuse de Valentin Roux, dissimulée dans un bois. Toute la commune de Sarrazac est bientôt dans la Résistance (A. S. ou F. T. P.).

M. Vigneron, le Directeur d’école, secrétaire de mairie, ouvre la porte de son domicile, la nuit, après avoir reçu des petits cailloux dans sa fenêtre, ce qui est le signe convenu ; il délivre alors des cartes d’alimentation et des papiers d’identité sous des faux noms.

Les mois passent, complètement brûlé et recherché tant par la police française que par la Gestapo, Ségui est obligé de se cacher. C’est alors que René Tallet le remplace et prend le nom de guerre de « Violette » (fin 1942) dont se servait Ségui.


Extrait du livre La brigade Rac



Le site de Saint-Mesmin (lien)