Philippe Papon "Phiphi"

Rédigé par Alain dans la rubrique Brigade Rac, Portrait

Extrait de l'ouvrage La brigade Rac par capitaine Fred

Philippe Papon, que tout le monde appelle Phiphi, est un des premiers Résistants de Thiviers. Dès 1941, il est en rapport avec Nivon et Jean Courant qui cachent le matériel de l’armée. Phiphi vient de perdre son père. Sa mère qui déteste les Allemands, met à la disposition de Nivon les caves de la vieille scierie qu’elle possède. Ces caves ont des souterrains cimentés dans lesquelles ont pénètre par des trappes : c’est là qu’est entreposé le matériel le plus précieux.

Quant à lui, Phiphi, outre son garage, les deux camions qu’il possède, dont un Berliet gazo‑bois neuf, tout est à la disposition de la Résistance. Le 6 juin, il quitte sa femme, ses enfants, son garage, et part dans les bois. Il est désormais maquisard à part entière. Dans son groupe se trouve Olivier Proust, dit Olive qui compose la célèbre chanson intitulée : « Dans le groupe à Phiphi ».

Philippe Papon
Parfois l’on s’attriste
Le cœur se souvient 
Le passé existe
Et vers nous revient
Mais aussitôt nous le chassons
En fredonnant une chanson,
Dans le groupe à Phiphi (bis).

Tous de joyeux drilles
Aimant s’amuser
Nous blaguons les filles
Nous regardant passer
Et nous savons que le chagrin
Se noie dans un bidon de vin
Dans le groupe à Phiphi (bis).

Nous avons retrouvé ces deux strophes dans le livre d’Henry Amouroux La vie des Français sous l’occupation , série de grandes études contemporaines, publiées par Arthur Fayard.

Phiphi a toujours le mot pour rire, même dans les pires moments! A la Couronne, avant la prise d’Angoulême, l’engagement est vif : Phiphi est au bord de la route avec sa section, Violette dirige la manœuvre générale.Tout à coup, une rafale de mitrailleuse balaie la route, tout le monde se couche et rampe pour se mettre à l’abri d’un talus.Phiphi se relève et s’écrie :

‑ Merde... les salauds.

C’en était en effet, car les boches avaient installé leurs « feuillées » entre la route et le talus, pressés par nos éléments avancés, ils avaient décampé sans prendre le temps de les recouvrir comme aurait dû le leur prescrire la moindre des courtoisies et les articles de leurs règlements.Bientôt Phiphi dispose d’un seau d’eau et peut diriger la progression tout en se désodorisant ainsi que ses camarades les plus atteints.

Violette revient sur ces entrefaites:

‑ Compliments, dit‑il vous vous êtes bien dém...
‑ Oh! oui, fait Phiphi, et ça ne sentait pas la violette! en tous cas ça nous a porté bonheur : pas un homme touché.

La section Phiphi
Fin septembre 1944 Phiphi, avec sa section, occupe le bourg de l’Eguille. Il décide un jour, pour la facilité de ses communications, d’établir une passerelle pour remplacer le pont sauté quelques jours avant.

La Seudre n’est pas très large à l’Eguille, mais il est très incommode de n’avoir que des barques pour la traverser, surtout à marée basse où il n’y a pas d’eau du tout. Malgré le danger, Phiphi n’hésite pas : il construit, avec ses hommes, une passerelle de plus de 20 mètres de long en deux jours, bravant le feu des batteries allemandes, dont celles de Fontbedeau, qui n’est qu’à 2 km. Il a été à la fois l’ingénieur, le chef d’équipe, le réalisateur de cet ouvrage parfait qui servait encore aux habitants pendant de longs mois après la guerre.

Ce n’est pas tout : durant son séjour à l’Eguille, bourg entièrement évacué par ses habitants, Phiphi remit en ordre tout ce qui avait été dérangé par ses prédécesseurs et fit fermer les maisons ouvertes et pillées par les Allemands.


Phiphi est mort à Périgueux en 1993 et fut enterré à Thiviers.


La section Phiphi devant la mairie Rochefort en septembre 1944
Le pont a sauté à l'Eguille-sur-Seudre

Inauguration de la passerelle



Les souvenirs de Philippe Papon "Phiphi" est paru aux éditions Sud Ouest en octobre 2014. Le titre du livre : ''Mémoires d'un maquisard : Le groupe Phiphi'' (lien)













English version :


Phillipe Papon, known to everyone as Phiphi, was one of the first Résistants in Thiviers. From 1941, Phiphi had been in contact with two Résistants in the area - Nivon and Jean Courant, they had been for some time stashing away hoards of army munitions and equipment.

At this time Phiphi looses his father. His mother, who absolutely hated the Germans allowed Nivon to use the cellars of an old saw mill that she owned as storage space. The cellars, with walls built of concrete, were only accessible via trap doors, and this was where the most precious equipment was hidden away. Phiphi ran a garage at Thiviers and the two trucks that he owned, one a new Berliet gazo-bois, were free to use by the Résistance.

On the morning of the 6th June 1944, he left behind his wife, his children, his garage and went in to the woods to set up a maquis group and was from this time on a maquisard. In his group was Olivier Proust ‘Olive’ who composed the celebrated song ‘Dans le groupe à Phiphi’. Here are two of its verses:

Parfois l’on s’attriste
Le cœur se souvient 
Le passé existe
Et vers nous revient
Mais aussitôt nous le chassons
En fredonnant une chanson,
Dans le groupe à Phiphi (bis).

Tous de joyeux drilles
Aimant s’amuser
Nous blaguons les filles
Nous regardant passer
Et nous savons que le chagrin
Se noie dans un bidon de vin
Dans le groupe à Phiphi (bis).

The words to these two verses were found in a book by Henry Amouroux La vie des Français sous l’occupation published by Arthur Fayard.

Phiphi always managed to make people smile and laugh, even in the worst of times. He was one of the first to enter Périgueux on the 19th August 1944, the day of its Liberation and took control of the police headquarters. On seeing the portrait of Maréchal Pétain on a wall in one of the offices he said “that can go in the bin”.

At la Couronne, on the lead up to the Liberation of Angoulême, progress was fast. Phiphi was at the side of a road with his section. Violette was in overall command and directing the movement forward. All of a sudden machine gun fire rang out near the road. Everyone hit the ground and rolled down the embankment.

Phiphi jumped back up and shouts “shit… the bastards”. ,Unfortunately that’s exactly what it was. The Germans had installed their ‘latrines’ between the road and the embankment. Pushed by the advancing men of Violette’s bataillon, the Germans had left their camp without taking the time to cover over their ‘mess’ as would normally be the courtesy in war.

Phiphi washed himself down with a bucket of water and began again to lead the progression, while at the same time giving off a nasty odour, not well appreciated by his comrades!
At this moment, Violette returns and says “well done, you are bien dém…” (Violette in humour was about to say bien démerdés) “oh, yes” replies Phiphi “and it doesn’t smell like violets!”

Phiphi was at the heart of the bataillon Violette at the Liberation of Cognac and Saintes.

At the end of September  Phiphi and his section, occupied the town of l’Eguille. He decides one day to set up a facility to aid communication and goes about constructing a footbridge over the river Seudre to replace the bridge blown up a few days earlier.

The river Seudre is not too wide at l’Eguille, but it is not too easy to cross when there are only small boats at your disposal, especially at low tide when there is no water at all. In spite of the danger, Phiphi did not hesitate. He built, with the aid of his men, a footbridge more than 20 metres long. It took them only two days, braving the fire from German batteries, including those at Fontbedeau  only 2kms away. He had been at the same time an Engineer, head of his group and the designer of this excellent work, which was still being used by the people of l’Eguille many months after the war.

That is not all, during his stay at l’Eguille, a town completely evacuated by its inhabitants, Phiphi ordered that all the homes that had been ransacked by the Germans should be put straight and made secure.

Phiphi lived to a ripe old age and died in Périgueux in 1993.